Voici @blackpowerbarbie, l’artiste derrière l’illustration de la liste d’écoute du Réseau des partenaires noirs.


@blackpowerbarbie, aussi connue sous le nom de blackpowerbarbie, est une illustratrice et une animatrice autodidacte, connue pour ses illustrations saisissantes de femmes noires. Conteuse compatissante et motivée, elle cherche à produire des représentations créatives de collectivités souvent mal représentées dans les médias d’aujourd’hui.

@blackpowerbarbie s’est associée à Starbucks pour créer l’illustration du Réseau des partenaires noirs, à savoir la liste d’écoute « SAY IT LOUD », et a réalisé les illustrations qui accompagnent les articles sur les partenaires « Derrière le tablier vert » pour le Mois de l’histoire des Noirs.

Ci-dessous, elle parle de son parcours pour devenir animatrice, de l’inspiration derrière son œuvre et de son partenariat avec Starbucks.


Q : Pouvez-vous nous dire d’où vous venez et ce que vous faites?

R : Je suis de Toronto. J’ai grandi dans la région du Grand Toronto, mais je suis née à Brooklyn, dans l’État de New York. Et c’est là que je vis à présent. Je vis ici depuis environ un an et demi. J’ai déménagé parce que je suis une artiste à la pige. Je peux donc vivre n’importe où. Je suis illustratrice, animatrice et réalisatrice.

Q : Comment êtes-vous devenue illustratrice?

R : Quand j’étais enfant, j’aimais dessiner et je trouvais que je n’étais pas très douée. Mais, comme j’étais créative, j’ai trouvé d’autres choses à faire. Je me suis beaucoup intéressée au théâtre musical et aux arts de la scène, et c’était mon principal intérêt et ma première carrière non officielle. Puis, à l’université, j’ai été admise dans une école des arts de la scène à New York, mais c’était très dispendieux. Comme je ne pouvais pas justifier le coût, j’ai fini par m’installer à Toronto et je suis allée à l’Université Ryerson pour suivre une formation en radiodiffusion et télédiffusion. L’objectif de ma formation était de faire carrière devant les caméras. C’était pour moi la façon la plus pragmatique d’atteindre mes objectifs. 

Au cours de la deuxième année, j’ai suivi un cours sur les médias numériques, dont une partie portait sur l’animation. Le professeur de ce cours était un grand mentor pour moi et m’a beaucoup encouragée. La classe comportait une section sur l’animation que j’ai vraiment aimée. Il y avait bien longtemps que j’avais eu autant de plaisir à réaliser un projet pour l’école. La classe l’a adoré; mon enseignant l’a adoré et m’a dit : « Il faut que tu fasses d’autres projets comme celui-là. » Alors, de ma deuxième année à l’université jusqu’à l’obtention de mon diplôme, je suis devenue une animatrice autodidacte. 

De là, l’illustration s’est révélée comme un moyen d’expression différent. Le lien que j’ai développé avec cette activité était différent de celui que j’avais avec les autres moyens d’expression de la créativité, surtout parce que je pouvais être indépendante. À l’époque, j’essayais encore de faire du théâtre pendant mes études. Je suivais des cours de théâtre et présentais des spectacles et autres, mais c’était très difficile. Vous devez attendre que d’autres personnes vous offrent des occasions, et j’ai trouvé qu’avec l’animation et l’illustration, si vous voulez raconter une histoire ou vous exprimer d’une certaine façon, vous pouvez, du début jusqu’à la fin, exercer le contrôle sur cette production et créer tout ce que vous voulez sans attendre l’approbation d’une foule d’autres personnes. C’est ainsi que les choses se sont passées, et j’ai finalement commencé à demander une rémunération pour mon travail. Quatre ans plus tard, c’est ce que je fais à temps plein et j’ai l’occasion de faire des choses géniales que je n’avais jamais imaginées. 

Q : Pourquoi était-il important pour vous de travailler avec Starbucks Canada dans le cadre de ce projet?

R : Pour en arriver là où je suis, j’ai emprunté une voie non traditionnelle, et une grande partie de mon travail consiste à me représenter et à représenter ma communauté. Quelles que soient mes réussites ou les occasions que j’ai eues, j’ai essayé de ne pas abandonner mes principes, ni choisir la facilité, ni simplement faire ce que les gens voulaient que je fasse. Ma communauté m’a beaucoup soutenue à cet égard.

Je ne pense pas que beaucoup de gens auraient pu prévoir que Starbucks serait intéressée par mes œuvres ou que l’entreprise appuierait le genre de choses que j’aime faire. En tout cas, moi qui ai été une fidèle cliente de Starbucks durant mon adolescence, je ne l’aurais jamais pensé. Je crois qu’il est très important, à mesure que les marques évoluent, de prendre part à des initiatives qui créent des liens entre les communautés et élargissent la perception que nous avons de la façon dont certaines communautés interagissent avec certaines marques. J’ai été vraiment honorée et flattée par la demande de collaboration, et j’ai aussi pensé que c’était important que je prenne le temps de le faire, car c’est le signe d’une grande croissance pour moi, et je pense qu’il est important que les autres puissent établir ces liens lorsqu’ils voient l’œuvre.          

Q : Pouvez-vous parler de l’inspiration derrière l’illustration que vous avez réalisée pour la liste d’écoute de Starbucks? Pourquoi avez-vous choisi cette représentation artistique?

R : Habituellement, je ne fais pas beaucoup de silhouettes. Mes illustrations ont tendance à être plus détaillées; mais dans ce cas-ci, je savais que différents baristas et clients pourraient la voir. Alors, je ne voulais pas que la couverture de la liste d’écoute représente des personnes en particulier. Je voulais qu’elle soit davantage une représentation générale de la communauté noire dans le contexte du logo de Starbucks afin que les gens puissent y associer divers visages. 

Je voulais quand même inclure dans l’illustration des éléments très puissants propres aux Noirs, comme les coiffures et les genres. Habituellement je ne dessine pas d’hommes, mais j’ai pensé que je devrais inclure aussi les personnes qui s’identifient comme des hommes. Ce que je voulais, c’était de prendre le logo de Starbucks, les vagues de la sirène, et de les réutiliser à ma propre façon pour renverser l’image de marque de Starbucks auprès du public noir par mon travail esthétique.

Q : Pouvez-vous expliquer certains des thèmes récurrents de vos œuvres? Qu’est-ce qui vous inspire lorsque vous commencez un projet?

R : Mes projets, particulièrement mes projets personnels, partent généralement d’un élan émotionnel : le besoin de raconter une histoire, le besoin de condenser un sentiment ou une expérience dans une image ou une animation singulière. J’essaie autant que possible de garder mon ego en dehors du travail et de me concentrer sur ce qui est vrai, sur mes sentiments réels et sur ce que j’essaie de communiquer aux autres. 

En tant que personne qui se fait appeler «Black Power Barbie», je veux que les femmes noires en particulier se reconnaissent dans mes œuvres et qu’elles aient un lien émotionnel avec celles-ci. Il est donc très important d’être honnête et vraie. La raison pour laquelle je me concentre sur la communauté qui est au centre de mes œuvres, c’est que nous faisons l’objet de nombreuses fausses représentations sur lesquelles nous n’exerçons aucun contrôle. Je pense qu’il est important que les gens exercent un contrôle sur leurs propres histoires et participent à leurs récits culturels. De cette façon, malgré toutes les fausses représentations, nous contribuerons à créer des choses dans lesquelles nous pouvons réellement nous reconnaître. C’est ce qui m’anime toujours : «Est-ce que c’est utile? Est-ce que c’est honnête? Est-ce que c’est vrai? Comment est-ce que je me sens à l’idée que cela existe à l’extérieur de mon corps? Est-ce que cette œuvre représente d’autres personnes noires qui s’identifient comme des femmes ou comme des personnes queer?» Ce sont là les thèmes courants qui forment mon point de départ. 

Q : En tant qu’artiste, qu’avez-vous appris sur le pouvoir de la représentation dans les médias?

R : La façon dont nous interagissons avec les médias est très instantanée. Alors, quand vous ne voyez pas une chose, vous oubliez qu’elle existe. Votre monde se réduit vraiment à ce que vous regardez sur Netflix ou à ce que l’algorithme vous transmet, et toute autre chose se perd en arrière-plan. Quand vous faites partie d’une communauté où vous avez l’impression de ne pas vous voir souvent, et que quand vous le faites, vous ne vous voyez pas exactement tel que vous êtes, cela a un effet négatif sur votre perception de vous-même et sur votre positionnement social en tant qu’être humain. 

Je pense qu’il est très important que les gens ne voient pas seulement le reflet d’eux-mêmes, mais aussi celui d’autres communautés. Il est important que je m’engage dans un contenu qui n’est pas seulement l’écho de ce que je suis et de ce que je vois. Le but d’une œuvre d’art n’est pas seulement d’être admirée, elle sert aussi à raconter des histoires et à communiquer de l’information afin que les gens puissent tisser des liens avec ces communautés. 

Q : Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour les arts dès le départ? Quelles sont les personnes qui vous influencent ou vous inspirent sur le plan de la créativité?

R : J’ai l’impression d’être influencée par un grand éventail de choses. Je dirais Basquiat, bien sûr, Kerry James Marshall, Solange et Janelle Monáe, des personnes noires et fières qui sont créatives et qui saisissent des occasions pour raconter des histoires vraiment sincères et créatives axées sur les expériences des Noirs. Ce sont là mes principaux critères, et il y a tout un éventail de personnes qui appartiennent à cette catégorie et qui ont ce type d’influence. 

De plus, je suis inspirée par ma propre vie, par la musique, par les films et par la danse. Je pense que lorsque je vois d’autres personnes s’amuser, être libres et simplement créer pour créer, c’est inspirant pour moi. Quel que soit le moyen d’expression artistique. Je trouve le monde qui m’entoure inspirant. Il y a toujours une histoire ou quelque chose de plus profond à découvrir simplement à partir de la vie quotidienne.

Q : Qu’espérez-vous que les gens apprennent de votre œuvre?

R : Cela dépend véritablement de la personne qui voit l’œuvre. Si vous vous sentez représenté dans mon œuvre, ou si vous pensez que vous faites partie de la communauté représentée dans mon œuvre, que ce soit à cause de votre statut de femme, de votre féminité, de votre statut de queer ou du fait que vous êtes de race noire, je n’espère pas nécessairement que vous en apprendrez quoi que ce soit; j’espère que vous ressentirez quelque chose. J’espère que vous vous sentirez vus et que votre existence sera affirmée et reconnue d’une façon aimante et vulnérable. 

Si vous ne vous sentez pas représenté dans mon œuvre, j’espère que vous apprendrez que ce type de personnes existe dans ces contextes. L’œuvre représente qui ils sont et comment ils se sentent, et c’est valide. Si vous la regardez et l’appréciez, la leçon que vous en tirez c’est que vous pouvez reconnaître des choses chez d’autres personnes et tisser des liens avec des gens qui sont différents de vous. Je ne m’attendais pas à ce que beaucoup de personnes, autres que les Noirs, aiment mon œuvre, mais mon compte Instagram indique le contraire, et j’adore cela. Si vous pouvez prendre le temps de m’écouter parler de ce dont je parle et d’apprécier mon art, même si vous ne faites pas partie de mon public cible, j’ai l’impression que cela a une certaine valeur, parce que l’œuvre est le point de départ du lien que vous établissez avec ces personnes et vous permet d’approfondir votre compréhension de leur humanité. 

J’essaie d’être aussi ouverte que possible et, en le faisant, j’essaie de faire comprendre aux gens qu’il n’y a pas de mal à cela, et je les encourage à faire de même. Vous n’avez pas à faire bonne figure ou à vous cacher derrière des stéréotypes auxquels les gens vous associent alors que vous savez qu’il y a beaucoup plus en vous. Il n’y a pas de mal à être doux et ouvert parce que, plus nous le sommes, plus cela devient naturel, et nous pouvons tous nous sentir un peu moins seuls.